Le Mondial 2010 pourra “soigner les blessures de l’Afrique”
La Coupe du monde de football 2010, la première en Afrique, pourrait servir de ciment pour unir un continent trop souvent divisé par les conflits, estime Danny Jordaan, directeur du comité local d’organisation (LOC) en Afrique du Sud.
“Je rêve que chaque Africain se saisisse de cette opportunité pour promouvoir l’unité, la stabilité, la tolérance, le développement économique et le développement du sport sur notre continent”, a-t-il confié lors d’un entretien avec l’AFP.
“Clairement, le football représente l’espoir, la joie, le succès et le progrès pour beaucoup de gens sur ce continent”, poursuit cet ancien parlementaire du Congrès National Africain (ANC, au pouvoir), âgé de 56 ans.
“Le sport en général a un impact positif, notamment sur l’esprit des gens et sert de ciment pour les sentiments nationaux.”
A quelques encablures de son bureau, à Johannesburg, les ouvriers s’activent sur le chantier du stade Soccer City, qui accueillera la finale du Mondial. Mais, à moins de 1.000 jours du coup d’envoi de la compétition, Danny Jordaan est fatigué de devoir immanquablement rassurer sur l’état d’avancée des préparatifs.
Pour lui, ces inquiétudes sont liées à une idée préconçue de l’Afrique, qui n’est pas perçue “comme un endroit où l’on peut faire des affaires”, alors que “récemment il y a eu plus d’élections démocratiques que de coups d’Etat”. “Un pays en guerre avec nous-mêmes”
Danny Jordaan est convaincu que “dans une situation conflictuelle, le sport peut aider à soigner les blessures”. Et de citer son pays, l’Afrique du Sud, qui ne s’est débarrassée du régime raciste d’apartheid qu’en 1994, après des années d’insurrections et de violences.
“Nous étions un pays en guerre avec nous-mêmes, entre les blancs et les noirs... Le fait d’avoir accueilli la Coupe du monde de rugby (en 1995) et la Coupe d’Afrique des Nations (en 1996) et de gagner, a aidé à réunir les gens”, dit-il.
Danny Jordaan se souvient également d’une visite en Allemagne avec la Fédération internationale de football (Fifa) en 1990, un an après la chute du mur de Berlin : “les Allemands de l’Est nous disaient qu’ils avaient vraiment le sentiment d’appartenir à une Nation différente”.
“Mais après la Coupe du monde 2006, il n’y avait plus qu’une Nation allemande, réunie derrière l’organisation réussie de l’événement”, estime-t-il. Quant à la Côte d’Ivoire, elle a réussi à mettre de côté ses divisions le temps d’un match de football. L’attaquant de Chelsea, Didier “Drogba a conduit une équipe nationale en territoire rebelle. Ils ont joué et pour la première fois, les gens étaient ensemble !” “Construire l’équipe”
Pour lui, rien ne vaut cependant une victoire sur son territoire. “Nous avons vu le rassemblement des Français en 1998, quand la France a remporté le Mondial”. Mais à ce sujet, la partie n’est pas gagnée pour les Sud-Africains.
L’équipe nationale des Bafana Bafana, dirigée par l’entraîneur brésilien Carlos Alberto Parreira, se trouve actuellement en 83e position au classement mondial et 17e sur le continent.
“Donc il est important de se consacrer, non seulement à la construction des stades, mais aussi à la construction de l’équipe”, estime Danny Jordaan.
Récemment, la Fifa a décidé d’annuler le principe de rotation entre les six continents pour l’organisation des Coupes du monde, ce qui pourrait repousser aux calendes grecques le deuxième Mondial africain.
“Mais si nous organisons la meilleure Coupe du monde de l’Histoire, alors plus personne ne pourra mettre en doute les capacités de l’Afrique”, promet le grand organisateur.
Source: l'opinion,Morocco