La communauté marocaine à l’étranger est aujourd’hui une des des plus dynamiques et des plus respectées dans les pays d’acceuil, tout en restant des plus attachées à sa mère-patrie(...) Notre grand souhait est que leur relation économique avec le Maroc puisse passer d’une logique traditionnelle de transfert d’épargne à une logique plus éfficiente d’investissement et à une ambition plus stratégique de développement".
Dans la lettre royale adressée par SM le Roi Mohammed VI aux participants à la 5ème édition des "Intégrales de l’Investissement", qui s’est déroulée les 13 et 14 décembre au palais des congrés à Skhirat, le Souverain a mis l’accent sur le pacte existant entre "la Nation et ceux des siens vivant à l’étranger" qui devrait être étendu "à tous les domaines ou leur rôle est autant attendu que primordial".
Les "Intégrales de l’Investissement", dont l’édition de cette année avait pour terme "Les investisseurs marocains du monde, acteurs de la diplomatie économique", sont un cycle quinquennal de conférences initié par la Direction des Investissements en 2003, une démarche planifiée jusqu’en 2007. "Au-delà, une évaluation nous permettra de statuer sur la continuité du concept +Intégrales+ ou sur l’innovation d’une nouvelle démarche", indique M Hassan Bernoussi, président de l’association les Intégrales de l’Investissement. Les Intégrales de l’Investissement sont dotées d’un comité scientifique, présidé par M Hassan Abouyoub, ambassadeur itinérant du Maroc.
Lors de la séance d’ouverture de la conférence, M Brice Hortefeux, ministre français d’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement, a souligné la disponibilité de son pays à soutenir toute initiative visant à mobiliser les hauts potentiels expatriés pour participer au développement de leur pays d’origine et devenir les ambassadeurs économiques de celui-ci. M Mustapha Bakkoury, président de la Caisse de depôt et de gestion, a déclaré, pour sa part, que le Maroc est une "base compétitive de travail et un marché prometteur". Il a également appelé à la "réinvention des relations entre le pays d’origine et la diaspora" et à "recenser le maximum de compétences à l’international pour participer à l’investissement".
Moulay Hafid Elalamy, président de la CGEM, a fait, de son côté, le bilan de Maroc-Hexagone, une initiative lancée il y a deux ans par la CGEM avec le soutien de la Direction des Investissements et de l’ambassade du Maroc à Paris. Partant du constat que les promoteurs économiques de certaines régions françaises connaissaient mal le Maroc, ses potentialités et les opportunités d’affaires qu’il offre, une vaste campagne a été menée auprés de ces régions. "C’est une opération de marketing direct", a expliqué M Elalamy, qui s’est déroulé en dix étapes cette année, bénéficiant de l’appui des chambres de commerce françaises et des sections régionales du MEDEF, l’organisation patronale française. "Chaque rencontre s’est soldée par des investissements directs au Maroc".
Le monde comptait, il y a deux ans, 191 millions de migrants internationaux, dont 115 millions vivent dans des pays développés. Selon un rapport du secrétaire général des Nations Unies datant de mai 2006, les envois de fonds des émigrants "améliorent la solvabilité des pays d’origine, font baisser leur frais d’emprunt et, en période d’instabilité, constituent un financement fiable". Le rapport précise, toutefois, que si ces pays "tirent des migrations un profit sur le plan financier et sur d’autres plans, ils n’en perdent pas moins un capital humain". A la fin du siécle écoulé, près de la moitié des nouveaux migrants internationaux dans les pays de l’OCDE âgés de 25 ans et plus avaient une formation supérieure. 60% d’entre eux venaient de pays du tiers monde.
Dans un autre rapport du Conseil économique et social des Nations Unies, datant de décembre 2005, il est question d’examiner de nouveaux moyens de tirer parti des migrations et d’en attenuer les conséquences néfastes. Au niveau mondial, les migrations internationales apparaissent de plus en plus comme un outil de développement. Elles ne sont plus perçues comme un echec du développement mondial, mais plutôt comme une partie intégrante de ce processus (...) Les diasporas peuvent contribuer fortement à favoriser l’investissemnt étranger direct des pays d’acceuil vers les pays d’origine.
Elles peuvent faciliter la circulation de l’information, les liens commerciaux et les arrangemments financiers qui permettent d’accroître les entrées de capitaux en provenance d’étrangers mais également d’expatriés. La croissance économique rapide de plusieurs pays est due pour une grande partie aux investissements de la diaspora. M Mohamed Khachani, chercheur et auteur d’une intervention sur "L’impact économique et socioculturel de la migration" lors du séminaire Migration et développement, qui s’est déroulé à Tanger en 2006, estime que "la constitution d’une élite émigrée investissant divers espaces économiques dans les pays d’acceuil est un atout pour le Maroc. Il a besoin plus que jamais de ce potentiel en termes de savoir faire et de finance (...) Il faut donc chercher à l’appuyer par des incitations d’ordre économique et à créer un environnement adéquat pour l’investissement".
L’ambition exprimée par SM le Roi pour la communauté marocaine expatriée est encore plus grande. "Nous souhaitons que nos chers concitoyens vivant et travaillant à l’étranger, et notamment ceux parmi eux qui ont une grande capacité d’action et d’influence, soient des ambassadeurs engagés de leur mère-patrie et des acteurs dynamiques de notre diplomatie économique".
Source: lopinion,maroc