Quel avenir pour le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ? C’est une question légitime que se posent les observateurs de la scène politique nationale. Certes, le parti n’a pas été secoué par un séisme politique, mais certains faits tendent à montrer que les responsables de ce qui est encore le parti majoritaire ont quelques soucis à se faire car il apparaît de plus en plus clairement que l’omniprésent CDP est relégué à la périphérie quand il s’agit des choix importants qui engagent l’avenir de la nation.
Certes, même au moment où le parti brillait de mille feux, c’était beaucoup plus les individus que la structure qui décidaient, mais on avait au moins la décence de préserver les apparences, donnant ainsi l’impression que les instances du parti avaient leur mot à dire. Or, depuis un certain temps, c’est tout le contraire. Le cercle restreint autour de l’enfant terrible de Ziniaré ne se gêne plus pour faire comprendre à l’opinion que les avis du parti ne pèsent pas plus lourds que des plumes d’oiseaux. Certains caciques qui, au départ, pensaient que ces faits étaient à mettre sur le compte de quelques excités autour du chef commencent à comprendre que la situation a atteint une étape de non-retour.
En effet, l’appel fait à l’ADF/RDA lors de la présidence de 2005 n’obéit à aucune logique sinon à celle de réduire l’influence du CDP, à défaut de l’anéantir. Pratiquement humilié par cette cohabitation illogique, le CDP a fait contre mauvaise fortune bon cœur. La perte de vitesse du parti de Roch Marc Christian Kaboré allait se confirmer avec la formation du premier gouvernement du quinquennat. Il n’est un secret pour personne que le parti majoritaire n’a de mainmise que sur un nombre infime de ministres. Les plus nombreux tiennent leur strapontin beaucoup plus de leur appartenance aux Amis de Blaise Compaoré (ABC), qu’à celle du CDP. Cependant, le coup de grâce porté au parti pourrait être la création de la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP/BC). Avec les moyens (humains et financiers) dont elle dispose, cette fédération va forcément pêcher dans les prébendes du CDP.
Blaise Compaoré, dont le souci majeur aujourd’hui est de gérer au mieux sa succession, sait que la fédération, qui lui est entièrement dévouée, sera plus facile à manœuvrer qu’un parti politique dont certains des membres ont de légitimes ambitions personnelles. A l’évidence donc, le CDP et la FEDAP/BC ne pourront pas durablement faire chemin ensemble sans couacs. Or le choix du Ziniarus Feuillus ne souffre d’aucune ambiguïté. C’est le parti qui devrait se soumettre ou se démettre. Avec la fédération, Blaise Compaoré a en main un outil pour lui permettre de régler en douceur sa succession ou pour mettre la pression nécessaire en vue d’une nouvelle modification de la Constitution pour faire sauter le verrou de l’article 37. Dans cette perspective, les prochaines consultations législatives vont certainement déboucher sur des duels de positionnement entre le parti et la fédération.
L’enfant terrible de Ziniaré pourrait renoncer à être présenté par un parti politique pour endosser les habits d’une fédération apolitique qui sera moins regardante sur ses options politiques simplement parce que la FEDAP/BC ne prône et ne cultive rien d’autre que le culte de la personnalité. La dernière déclaration publique de « l’aile CNPP » du CDP achève de convaincre que le parti majoritaire a entamé un coma qui pourrait lui être fatal. Ceci expliquant certainement cela, les dates du prochain congrès restent un mystère pour tous. Tout laisse à penser que les bonzes du parti aiguisent leur poignard pour une fatale nuit des longs couteaux avant la tenue dudit congrès. Le compte à rebours a déjà commencé.
F. Quophy
Journal du jeudi
Source: lefaso