Il est devenu coutumier, qu’à chaque édition du Festival Nationale du Film, on rende hommage aux personnalités du cinéma, cinéastes, comédiens, distributeurs ou producteurs, disparus entre les deux sessions. Pas moins de six personnalités nous ont quitté depuis deux ans après avoir apporté leur grain au moulin, chacun dans son domaine. Ci-dessous, des portraits sommaires des principaux disparus.
Mohamed Ousfour
Il est considéré comme le père du cinéma marocain car le premier à avoir pris des images par sa caméra « 8 mm ». Il était encore au stade de l’amateurisme, mais aiguisa ses outils pour tenter le cinéma professionnel. Il mit longtemps avant de réaliser son premier film respectant les normes professionnelles qu’est « Le trésor infernal » (1970). Auparavant il avait réalisé en 16 mm le premier long métrage marocain « L’enfant Maudit » dont le tournage coïncide avec l’indépendance du Maroc.
Autodidacte, ayant quitté prématurément l’école pour devenir vendeur de journaux à Casablanca, Mohamed Ousfour est un touche - à - tout dans le domaine du cinéma. On le retrouve dans les plateaux assumant différentes fonctions.
Il est régisseur responsable du casting, superviseur des effets spéciaux, attaché à la production ou carrément comédien.
Il eut l’occasion de travailler avec des grands du septième art. Dès 1949, il côtoyait les plateaux d’Orson Welles venu à Essaouira (Ex-Mogador) tourner « Othello », Robert Aldrich, tout comme Sergio Leone, Claude Chabrol, Henry Verneuil, devient ses amis, charmés par sa naïveté mais aussi fascinés par son jénie-créateur. Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo ne le quittaient pas d’une semelle. Avec le temps, et malgré l’indifférence des organismes officiels à son égard, il finit par s’imposer. Ce n’est qu’en 1982 qu’une nouvelle génération le découvrit. C’était à l’occasion du premier festival national du cinéma à Rabat. On redécouvrit, médias à l’appui, « Le trésor Infernal ».
Mohamed Ahmed Basri
Son nom coïncide avec la troupe du théâtre radiophonique dirigée par Abdellah Chekroune. Comédien de la première heure, il s’imposa par sa forte corpulence et sa voix forte. Au sein de la troupe, il ne se limita plus à l’interprétation, mais passa très vite à l’écriture et l’adaptation. De nombreuses pièces jouées par la troupe de la RTM sont écrites par Basri où il y tient souvent un rôle principal. Ensuite, son champ d’action engloba la télévision et écrivit de nombreux feuilletons dont le plus célèbre est « Radia » joué par son épouse, la comédienne Rachida Harrak. Basri n’a joué dans les films qu’à de rares occasions mais sa présence est significative dans « Les bras d’aphrodite » (1978) mais tout récemment « Taif Nizar ».
Salim Berrada
Dès 1947, Salim Berrada est présent à l’écran. Ce sportif-né a joué dans « Le fils du destin » (Ibn Kadar) de Mark Mallaraky. C’est l’un des premiers acteurs marocains, issu de Fès. On le retrouvait régulièrement sur les planches et également dans les film. En 1954, il fut dirigé par Jean Flechet dans « Djaja » (Le poulet) avec ses frères d’armes Doghmi, Laâlej, Saddiki. Deméuré loin du jeu pendant plus de 35 ans, où il se consola par le sport, il revient à l’écran grâce à Nabyl Lahlou qui lui confie le rôle de « Komany ». Il joua également, sous le direction du même cinéaste dans « La nuit du crime », « Les années de l’exil ».
Saïd Souda
Saïd Souda est mort jeune après avoir longtemps souffert d’une tumeur au cerveau. Et pourtant, il était un véritable sportif qui dut abandonner les études pour son occupation favorite. Passionné des arts martiaux, il s’exila au Japon puis à Hong Kong. On le retrouvait dans certaines productions asiatiques, notamment dans les films « L’ombre du gardien », où il tient le rôle principal, celui d’un karatéka imbattable. Avec « Du Paradis à l’enfer », il optait pour la non-violence à travers une histoire jalonnée de remords. Saïd Souda était également un distributeur de films par le biais de sa société : « Naomi ».
Source: lopinion,maroc