Mise à jour à Zemmour de vestiges datant de l’âge du cuivre
Des squelettes humains, de la faune sauvage et domestique, de la céramique, des objets en os et en métal, datant du chalcolithique (3000-1800 avant J.C), ont été découverts par des archéologues dans la grotte d’Ifri n’Amr ou Moussa (Commune d’Aït Sibern, Oued Beht, Province de Khémisset), a annoncé le Dr Youssef Bokbot de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (Rabat). Les plateaux des Zemmour ont également livré d’autres vestiges d’une civilisation qui a existé 5000-3500 années avant notre ère.
Cette découverte a été faite dans le cadre d’un programme de recherche intitulé : « Néolithique et protohistoire des plateaux de Zemmour », développé par cet Institut dépendant du Ministère de la Culture , du 16 octobre au 18 novembre 2007. Cette campagne faisait en fait suite à de premières fouilles menées en avril 2006, lors desquelles les chercheurs marocains avaient fait des découvertes exceptionnelles de structures d’habitat, de sépultures et de mobilier archéologique appartenant tous à l’âge du cuivre et plus particulièrement à la civilisation campaniforme connue dans la péninsule ibérique, l’Europe occidentale et centrale et qui n’a été présente dans toute l’Afrique du Nord qu’au Maroc .
Lors de cette campagne 2007, la moisson anthropologique a été capitale, indique toujours le Dr Bokbot. Deux sépultures d’enfants en bas âge ont été mises au jour. Les jeunes individus étaient inhumés selon les rites préhistoriques de l’époque, couchés sur le dos en position fœtale. L’excellent état de conservation des ossements est de nature à procurer des données anthropologiques de première importance dans la connaissance de la population responsable de la civilisation campaniforme au Maroc .
La faune découverte dans la grotte d’Ifri n’Amr est riche et diversifiée, comprenant des mammifères sauvages, dont certains ont disparu récemment du Maghreb, tels que l’ours, la panthère, le kob, le Bubale et le Taurotragus oryx, ainsi que des espèces qui y vivent encore, tels que le sanglier, le porc épic, la gazelle cuvier, l’hérisson, la tortue, les oiseaux rapaces, l’autruche, l’escargot et des invertébrés marins consommés en tant que complément culinaire. Les animaux domestiqués par l’Homme sont représenté dans la grotte par le chien et la chèvre. La céramique, de type campaniforme (forme de cloche renversée), est loin d’imiter les styles internationaux venus de la péninsule ibérique. Les décors semblent témoigner d’une tradition locale, et s’apparentent à ceux de la grotte de Dar-es-Soltane, sur le littoral de Rabat.
L’industrie osseuse est très abondante dans la grotte. Elle est représentée majoritairement par des aiguilles à chas et des poinçons qui ont servi à coudre les habits et à décorer la céramique.
Les fouilles ont également révélé des nodules de métal en cuivre rouge et en plomb qui pourraient supposer la fonte du métal sur place.
Il est à noter que les vestiges mis à jour dans la grotte d’Ifri n’Amr ou Moussa témoignent de l’essor de la civilisation campaniforme (5000-3500 avant le présent) dans cette partie des plateaux de Zemmour. A rappeler que cette civilisation de l’âge du cuivre s’est répandue dans toute l’Europe occidentale et une partie de l’Europe centrale. Le Maroc présente l’originalité d’être le seul pays d’Afrique à avoir été atteint par cette culture protohistorique.
Ces dernières découvertes aux environs de Khémisset vont sans aucun doute enrichir le débat au sein de la communauté scientifique internationale concernant l’origine de cette civilisation et de son extension, indique toujours le Dr Bokbot. Elles contribueront sans aucun doute à une meilleure compréhension de la portée réelle des modifications des stratégies d’occupation et de gestion du territoire, liées à l’introduction de la métallurgie et à l’ouverture sur la méditerranée ainsi que sur l’Atlantique par des échanges commerciaux, à partir des civilisations de l’âge du cuivre jusqu’à la période phénicienne.
Source: lopinion,maroc